ISNARD (1707-1781), L'UN DES PLUS ILLUSTRES ET DES PLUS REPRESENTATIFS FACTEURS D'ORGUES FRANÇAIS:

Grand admirateur de Don BEDOS de Celles (son traité sur l'Art du facteur d'Orgues est considéré unanimement comme un modèle insurpassable) avec lequel il s'accorde sur les grands principes : ils sont tous deux favorables à la synthèse des notions mathématiques remontant à l'antiquité et reprises par les moines du IXème siècle, du goût artistique et de l'intuition issus tout droit de l'expérience.

ISNARD est la synthèse de tout cela. Il a le goût du travail bien fait (les tuyaux sont fondus dans des mélanges bien plus riches que nécessaire : mélange à plus de 80% d'étain). Il est à la fois capable de synthèse et d'invention. Il conserve l'équilibre du siècle précédent en délimitant les proportions entre les différentes familles de jeux, en accusant la couleur et le rôle du clavier (4 ou 5 claviers). Un nouveau clavier à la sonorité très claire, est destiné à faire parler une batterie d'anches. A coté des trompettes et des clairons qui servent à la fois pour le détail et pour l'ensemble, la voix humaine et le cromorne sont destinés au rôle de soliste. Les cornets sont tous différents : celui du positif a plus de portée ; celui du récit est plus fin. Les montres n'ont aucune lourdeur et sont traitées en flûtes. Les bourdons sont puissants, les jeux scintillants, la sonorité du grand ch½ur ample avec grosse quinte et grosse tierce renforçant la montre de 16. Son esthétique recherche avant tout la qualité du timbre.

ISNARD était aussi religieux. Du couvent de Tarascon, il rayonne en Provence et dans le sud de la France. Il fut le maître à penser de Joseph Cavaillé et l'orgue de Saint Pierre à Toulouse fut le fruit de leur collaboration. A partir de 1742, on le voit à Aix en Provence, Nîmes, Marseille, Arles, Saint Maximin, Rodez? Il meurt à Tarascon le 16 mars 1781.